Tchad : De la légitimité de la rébellion armée

Publié le par Ousmane Nadji

Des nuances qu’apporta mon compatriote Lyadish, je recoupe plutôt des informations et une analyse qui me réconforte dans ma perception de la légitimité de la lutte armée chez nous au Tchad, singulièrement sous ce régime. Je comprends d’une part, que les compétences, les expériences, le patriotisme, l’intérêt national sont des vains mots pour nos actuels gouvernants ; et d’autre part, je constate qu’il suffit de prendre une arme et se terrer dans une grotte pour que ses revendications légitimes ou pas, personnelles ou générales, tribales ou nationales aient d’importance pour le régime d’Idriss Deby.

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C’est tristement vrai que ni l’opposition démocratique avec ses programmes et ses revendications apparemment salutaires pour le pays, ni les organisations des droits de l’Homme avec les dénonciations des atteintes aux droits de l’Homme, ni la presse indépendante avec ses analyses et ses préconisations pertinentes sur le pays, moins encore les pressions internationales sur le respect des règles démocratiques et la bonne gouvernance n’émeuvent Idriss Deby. Oui ! Idriss Deby marche malheureusement avec la manière forte, très forte, si forte que même les bruits des armes légères le font somnoler.


La preuve est que malgré sa sortie lors de la signature des accords du 25 octobre 2008, « le dernier accord » qu’il a juré de signer avec les rebelles, Idriss Deby a changé d’opinion après la chaude attaque de N’djamena. A grand bruit et sans honte il cherche à renégocier avec le RFC en envoyant Adoum Togoi et compagnie, ou encore, Ouchar Tourgoudi et compagnie vers l’UFCD. Il avait fallu qu’il « mange du feu » pour comprendre qu’il ne peut arriver à bout militairement de la rébellion, d’où ce nouveau élan de paix qui l’envahit et qui est relayé par ses collaborateurs. Tout le monde autour d’Idriss a subitement changé de comportement. Tous les caciques du régime sont finalement convaincus que le régime est sérieusement atteint après l’attaque de Février.


Younousmi qui, naïvement pensait que les rebelles n’arriveraient pas aux portes de N’djamena, qui s’agitait hier quotidiennement devant la presse nationale et internationale pour insulter les rebelles les traitant de mercenaires, qui prédisait l’exile pour ceux qui ne déposeraient pas les armes, est devenu subitement raisonnable après sa traversé du fleuve Chari en pirogue. Il est même devenu avare en déclarations ces derniers jours et marche maintenant la tête baissée aux dires des N’djamenois. C’est pourquoi Il suffira que l’ensemble des acteurs précités construisent l’unanimité autour d’un programme suffisamment militaire, ce qui est très difficiles mais pas impossible, pour qu’Idriss comprenne qu’un dialogue inclusif est important, et que d’autres modes de gouvernances sont possible au Tchad.


Au cas contraire, que l’on laisse les tendances rebelles faire l’alchimie nécessaire pour éjecter le dictateur de la tête du pays. Bien évidement toute les rebellions ne sont pas légitimes, puisqu’en la matière il n’ya pas de code ou de référent, il n’ya pas de principe unanimement ou majoritairement consacrés pour juger de la légitimité de tel ou tel mouvement : chacun y va de sa propre perception, analyse et constat. C’est pourquoi selon qu’on perçoit, constate ou analyse, toute les rebellions sont aussi légitime. En dehors de nous autres rebelles internautes qui sommes autant légitimes avec nos articles, les autres roulent leurs bosses dans le feu quelque soit ce qu’on pense d’eux : c’est leurs choix. Je crois que Lyadish comme moi, doit avoir des raisons suffisamment insuffisantes, du moins pour le moment, pour refuser de nous parler clairement et distinctement des opposants businessmans.


Je crois qu’il n’entend pas nous servir la même sauce que nous ont servi gratuitement et à dessein Abbo Sileck et Ahmat Yacoub et qui se sont avérées être fades au gout de certains d’entre nous. En parlant de la justification du minimum possédé par certains chefs rebelles, Je parlais des gens qui ont travaillé dans le privé et non pour le privé, des gens qui ont travaillé dans le public et non pour le public. Loin de justifier les richesses supposées amassés par certains, cette nuance permet simplement de dire que l’on peut très honnêtement entreprendre et s’enrichir avec le privé ou avec le public. Et je précise que je parlais du minimum qu’ils possèdent et non de tous ce qu’ils possèdent. J’attends comme tous les lecteurs de la presse internet, les révélations probantes et fracassantes sur la richesse des opposants businessmans, mais comme lyadish, je me méfie des affirmations gratuites. Je ne doute pas un seul instant sur le principe que les opposants sont aussi reprochables.


Je reviens pour dire que je ne suis pas si sur que le soudan manipule aussi aisément les rebelles comme je crois le comprendre à travers certains écrits sur la rébellion. Les choses sont à mon avis plus compliquées comme nous pouvons nous en apercevoir tous. Le retour de Mahamat Nour et ses compagnons participe beaucoup plus de leur refus à suivre les injonctions soudanaises et leurs refus du démembrement du FUC qui avait d’ailleurs commencé avec le départ commandité d’une partie de certaines composantes.


Tous les chefs rebelles actuels peuvent témoigner que Mahamat Nour avait publiquement devant des Généraux soudanais déclaré qu’il n’acceptera pas que le Soudan décide de l’avenir du Tchad. Si Timan est obligé d’ouvrir les négociations avec le régime d’Idriss, c’est aussi pour refuser la volonté soudanaise de leurs imposer Nourri comme leader. Si Adouma et ses amis se sont retirés pour créer l’UFCD, c’est disent-ils clairement pour refuser l’hégémonie Soudanaise d’imposer Nourri à la tête de la rébellion.

Personne n’ignore non plus que lors des négociations de Tripoli, Nourri avait refusé la proposition soudanaise de signer l’accord jusqu'à obtenir la promesse ferme d’être soutenu après les dits accords. Soubiane a erré sans soutien soudanais dans le maquis jusqu'à une date récente à cause de son refus de se mettre aux pas des soudanais et fut surnommé le têtu par ces derniers. Ali Akhabach a été interdit de séjour au Soudan et expulsé en Lybie à cause de son refus de suivre les vœux des soudanais. Djineidi a eu des problèmes avec les soudanais et Dilloh a été incarcéré par les soudanais etc.… Ces faits sont vérifiables auprès de chaque chef rebelle.


Il est vrai que le Soudan vise un intérêt à travers la rébellion Tchadienne, mais il n’est pas sur qu’il la manipule avec autant d’aisance. Le soudan a ses calculs et chaque mouvement rebelle a les siens. Si l’idéal est d’avoir une rébellion unie, Je ne crois pas non plus, que la pluralité des tendances rebelles soit un motif de désarroi, « d’inésperance » en l’aboutissement de la lutte armée. L’histoire récente de notre pays nous permettait hier, d’énuméré au moins 11 tendances rebelles dont les colorations ne sont pas meilleures que celles existantes aujourd’hui.


Cela n’empêcha pas un jour Habré à la tête des FAN de tirer son épingle du jeu un 7 juin 1982. L’idéal aurait été de voir l’opposition réuni autour d’un seul Chef comme je l’appel de tous mes vœux, mais je suis malheureusement en face des hommes et non des machines qu’on peut commander à l’aide des boutons ou des clés contacts ; je suis en face des hommes qui ont des humeurs différentes , des calculs indéchiffrables, des caprices insoupçonnables, des idéaux pas toujours raisonnables et des intérêts souvent divergents : Je suis en face d’une équation humainement difficile, mais pas impossible. Je suis comme beaucoup d’entre nous conscient que la situation est absolument difficile, mais l’espoir doit être préservé.


Car du Cuba à l’Angola, de la Colombie à l’Afghanistan, du Congo démocratique à la Palestine, de L’Afrique du Sud au Burundi, aucune Guérilla, aucune rébellion, aucune résistance n’a échappé aux démons de la déchirure, de la division. C’est naturel et c’est humain ; c’est manquer de réalisme que de vouloir toujours les choses parfaites. C’est important pour nous de le considérer si on compte travailler avec des Hommes. Et pour le nombre de fois que Dieu pardonne, même s’il n’est pas éternellement comme je conviens avec Lyadish, il n’est pas selon les Saintes Ecritures moins de 7 fois (Bible et Coran).

Brahim Abakar Kamane

Yaoundé – Cameroun
bkamane@yahoo.fr
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