Lyadish Ahmed

L’assassinat des deux leaders de l’opposition démocratique « portés disparus » ne fait plus aucun doute selon une information publiée ce lundi par le site Internet tchadactuel.com qui affirme sans hésitation que « Deby a assassiné Yoro et Ibni ».

Ce site Internet est connu pour la fiabilité de ses sources d’informations, en particulier celles qui concernent tous les faits et gestes des pontes du régime de N’Djamena et de leur maître Idriss Déby.

Aussi, jusqu’à preuve palpable de vie, tenons pour véridique la révélation du carnage au sein de l’opposition démocratique et interrogeons-nous sur le sens et la portée de l’engagement politique pacifique face à Idriss Déby.

Convaincus de l’inutilité des guérillas armées dans la résolution des problèmes politiques et socio-économiques du Tchad, beaucoup de Tchadiens ont choisi, après la chute d’Hissein Habré, de s’engager dans la vie politique grâce à l’instauration du multipartisme et à la consécration constitutionnelle de la liberté d’expression.

Beaucoup d’entre nous croyaient naïvement que la démocratie allait être une réalité et que l’alternance politique par la voie des urnes était garantie.

Ni l’assassinat d’Abbas Kotty Yacoub, ni le carnage ciblé des ressortissants de Gniguilim et de Chokoyam, ni l’exécution de Laoukein Mabardé, moins encore celles de Bichara Digui et de Ketté Nodji Moïse n’ont réussi à convaincre les populations tchadiennes des dérives dictatoriales d’Idriss Déby.

La sérénité des leaders politiques démocratiques face à ces actes barbares renforçaient de fait l’idée que l’alternance par la voie des urnes restait possible dans notre pays meurtri par tant d’années de guerres fratricides.

Pourtant, dès 1993, il était prévisible qu’Idriss Déby nourrissait publiquement le désir de s’éterniser à la magistrature suprême et de confisquer tous les pouvoirs politiques.

Il procède à son premier coup d’état en faisant renverser Fidel Moungar, Premier Ministre désigné à l’issue de la Conférence nationale. En 1996, il s’approprie la victoire électorale de Lol Mahamat Choua à l’issue de la présidentielle et concentre tous les pouvoirs politiques en faisant frauduleusement élire, à partir de 1997, ses « assujettis » à l’Assemblée nationale et en désignant des proches en politique aux différentes institutions de l’Etat.

La monarchie s’est consolidée à partir de 2001 avec une élection digne d’une République bêta bananière. Yorongar aurait remporté cette élection. Ibni Oumar en avait revendiqué la victoire tout comme les autres partis ayant pris part. Que nenni ! Idriss Déby l’a confisquée non sans envoyer en prison ses adversaires désarmés.

Dans le même temps, nombreux étaient (et sont encore) ceux des politiques convaincus qu’Idriss Déby est un tyran qui confond la République à sa petite personne, encourage l’anarchie pour mieux se pérenniser à la tête de notre pays, dilapide l’argent de l’Etat dans des futilités et reste incapable d’assumer les charges présidentielles et de s’assumer tout court.

Idriss Déby est tout sauf un chef d’Etat.

Le départ massif en rébellion de ses proches devait nous mettre la puce à l’oreille. Youssuf Togoïmi était parti. Adoum Togoï l’avait suivi. S’ensuivirent plusieurs défections parmi ses propres parents. Les importantes défections des Erdimi, des généraux Soby Aguid et Mahamat Nouri auraient dû achever de convaincre du pourrissement du régime tyrannique de N’Djamena.

Hélas ! nous n’avons pas compris ou plus précisément nous n’avons pas voulu comprendre parce que ces défections nous paraissaient tardives et donc manifestement calculées selon beaucoup d’entre nous.

Aujourd’hui, il convient de se rendre à l’évidence que nous nous sommes largement trompés.

Aucune alternance politique par voie démocratique n’est possible au Tchad. 

Comme l’a si justement affirmé l’auteur de l’information parue sur tchadactuel.com, « Déby a assassiné la démocratie ». Même si une heureuse circonstance fait qu’Ibni Oumar et Yorongar sont encore en vie, il faudra néanmoins tirer les conséquences de l’échec du combat démocratique en soutenant tout groupe armé capable de renverser le tyran de N’Djamena et son équipe de politico-armés habillés en civil que sont Allam-Mi, Bachir, Kassiré, Doumgor et tout autre responsable politique tapi dans l’ombre du général en perdition.

Ni Timan Erdimi ni Mahamat Nouri n’auraient jamais cherché à assassiner les hommes politiques s’ils avaient pris le pouvoir.

L’assassinat d’hommes politiques est une pratique propre au régime d’Idriss Déby. L’avocat Maître Mahamat Hassan Abakar a d’ailleurs précisé récemment que « le régime n’est pas à sa première arrestation et liquidation » d’opposants politiques.

Aux armes citoyens ! Nos vies et notre pays valent mieux que leurs profits.

Lyadish Ahmed

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :