LA FRANCE RISQUE DE S’ENFONCER AU TCHAD

Publié le par Ousmane Nadji

 (Par "La Voix de la Russie : www.ruvr.ru)

Les derniers événements au Tchad – un raid rapide de 2,5 mille rebelles sur 700 km, la prise de la capitale N’djamena et une tentative qui a failli aboutir de destituer le président Idriss Deby, c’est la première défaite de la nouvelle politique africaine du président français Nicolas Sarkozy. Les neuf mois du succès du président français dans l’arène internationale ont une pause…

 A  partir du 31 décembre, lorsque les rebelles ont commencé l’assaut de N’Djamena, jusqu’à présent, écrit notre observateur Alexeï Grigoriev, le Tchad donne du fil à retordre aux autorités françaises. Chaque jour, le président Sarkozy organise dans le Palais de l’Elysée des réunions avec la participation des ministres de la défense et des AE, du chef de l’état-major général des forces armées françaises et discute avec eux les problèmes de solution de la crise au Tchad. La première réunion a eu lieu le 2 février, quelques heures après le mariage officiel du président français Nicolas Sarkozy et de Carla Bruni.

Selon l’attaché de presse du Palais de l’Elysée David Martinon, le président reste en rapport avec l’Union Africaine, les chefs des pays- voisins du Tchad, avec les membres africains du Conseil de Sécurité, les pays de l’UE et Bruxelles, discutant avec eux la situation militaire et humanitaire au Tchad. Le président Sarkozy, lui, a déjà fait son choix. Il a déclaré lors de sa visite en Roumanie : « La situation au Tchad est préoccupante parce que le Tchad a un gouvernement légitime, celui d’Idriss Deby, sorti des urnes en 2004. C’est un gouvernement légitime qui doit donc être soutenu. » La France a apporté un soutien clair au président tchadien Idriss Deby, en affirmant qu'elle ferait si nécessaire son "devoir" pour protéger son régime, et de poursuivre la rébellion. La France a initié la prise par le CS onusien d’une résolution qui appelle "les Etats membres à apporter leur soutien au gouvernement du Tchad". Si auparavant la France déclarait qu’elle resterait neutre dans le conflit interne, maintenant elle approuve l’intervention militaire dans ce pays.

Le ministre français de la Défense Hervé Morin s’est réjoui de la résolution du CS. Selon lui, le document pourrait permettre aux forces françaises au Tchad d’appuyer directement le régime du président Idriss Derby. Pendant sa visite aux Etats-Unis, Hervé Morin a assuré ses collègues américains que la France allait faire son devoir au Tchad. Pour cela, elle dispose des troupes dont le nombre atteint aux moments de crise 3 mille soldats. En ce moment, leur nombre ne dépasse pas 2 mille. La France y déploie une escadrille d’avions militaires et d’hélicoptères. D’ailleurs, c’est ce qui lui a permis d’évacuer au Gabon des centaines de citoyens français et d’étrangers, Européens ou non. La France et le Tchad ont un accord sur la coopération militaire et l’aide en cas de crises. C’est le cas maintenant et Paris est prêt à aider le président Deby à lutter contre l’opposition.

Pour la France, la stabilité au Tchad est un point d’honneur, car Paris à toujours prôné le déploiement au Tchad et dans la République Centrafricaine, voisine de la province soudanaise le Darfour, de l'Eufor, destinée à la protection des réfugiés du Darfour et de déplacés des pays voisins. Il s’agit d'une force de 3.700 hommes de l'Union européenne dont deux tiers de Français. Le 3 février, les ambassadeurs des pays de l’UE ont décidé de remettre à plus tard le début de l’opération. Mais le diplomate en chef de l’UE Javier Solana a déclaré qu’elle aurait lieu plus tard. Pour le moment, la France agit seule au Tchad. C’était le cas depuis 1960 lorsque le Tchad a obtenu l’indépendance. Mais à partir de cette époque un des plus grands pays africain mais aussi des plus pauvres, ayant une population de 8 millions d’habitants est en état quasi permanent d’hostilités. Sans l’aide française annuelle de 50 millions d’euros, le Tchad aurait connu un krach total.

Les médias mondiaux ont déjà réagi au rôle français dans la crise au Tchad. Le journal italien La Stampa écrit que Paris peut avoir un petit Vietnam parmi les palmiers tchadiens. Les médias français préviennent que le Tchad pourrait s’avérer un guet-apens dangereux pour le pays. Certains analystes trouvent que Paris a eu tort de soutenir le président Idriss Deby et que la situation actuelle est explosive. Mais selon les dernières informations, la France peut éviter le pire au Tchad. Selon les médias arabes, les leaders des rebelles ont consenti à tenir des négociations avec le président Deby à conditions que des réformes démocratiques soient faites au Tchad. Ils ont appelé à un dialogue national pour le règlement du conflit à condition que la France n’intervienne pas. Les autorités françaises auront à prendre une décision : faut-il consentir à ce tournant ? De toute façon, on peut le considérer comme une défaite de la politique africaine de Paris. Pour les alliés de France en Afrique, il est temps de chercher d’autres protecteurs que l’ancienne métropole

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